Voici mon nouveau montage dans le cadre des 80 ans de la Seconde Guerre Mondiale. Pour celui-ci, je vous emmène du côté de la Méditerranée. L’année 1941 marque une recrudescence des combats sur ce théâtre d’opération suite à l’arrivée des premiers éléments de ce qui deviendra l’Afrika Korps en Afrique du Nord afin de redresser la situation plus que précaire dans laquelle se trouvait l’armée italienne face aux forces du Commonwealth et suite à l’intervention allemande dans les Balkans pour traiter un flanc sud mis à mal par les déboires italiens face à la Grèce, ce flanc sud devant être sécurisé en vue de l’invasion de l’URSS. L’île de Malte va occuper une position de plus en plus stratégique en Méditerranée, au beau milieu ou à portée des lignes de ravitaillement des forces de l’Axe et elle devra donc être ravitaillée par des convois partant soit de Gibraltar, soit d’Egypte. Ces convois seront protégés par les unités de la Royal Navy, destroyers, croiseurs, cuirassés et porte-avions. J’ai donc décidé de monter un avion embarqué sur un des navires de Sa Très Gracieuse Majesté, ce sera le Fairey Fulmar, kit Special Hobby :
Le Fairey Fulmar a pour origine une demande de l’Air Ministry portant sur un bombardier léger devant équiper la Royal Air Force. A cause notamment de ses performances décevantes, le projet de Fairey ne fut pas retenu mais l’avionneur navalisa sa proposition pour répondre à une autre demande de l’Air Ministry portant sur un biplace de chasse embarqué. La doctrine britannique de l’époque imposait un second membre d’équipage pour les chasseurs embarqués, afin de soulager le pilote des tâches de radio-navigation. Il en résulta donc un appareil assez lourd, peu manœuvrant, qui n’aurait eu aucune chance face à des chasseurs monoplaces comme le Bf 109 par exemple, mais qui pouvait fort bien convenir au-dessus des océans, là où la chasse adverse était pratiquement absente et là où il ne rencontrerait que des appareils de patrouille, de bombardement ou de torpillage. De plus, la grande autonomie de l’appareil était appréciable et son armement composé de huit mitrailleuses de 7,7 mm était puissant à l’époque. En revanche, aucune mitrailleuse de défense arrière n’était monté en série. Le prototype effectua son premier vol en janvier 1937, le premier exemplaire de série sorti des chaînes d’assemblage en janvier 1940 et le dernier en décembre 1942. Environ 600 exemplaires furent produits.
Le Fulmar participa à presque toutes les opérations de la Fleet Air Arm durant les premières années de la guerre, à partir de l’été 1940 : couverture des porte-avions, escorte de convois en Méditerranée, dans l’Atlantique ou dans l’Arctique, protection des Swordfish lors du fameux raid sur Tarente contre la flotte italienne, traque du cuirassé Bismarck, campagne de Syrie, etc…
La décoration sera celle d’un appareil embarqué sur le HMS Formidable, un porte-avion de la classe Illustrious ayant opéré dans l’est de la Méditerranée en 1941. Cette classe comptait quatre unités. Le HMS Illustrious est entré en service en mai 1940 :
Le HMS Formidable l’a suivi en novembre 1940 :
Le HMS Victorious a rejoint la flotte en mai 1941 :
Enfin, le dernier a entré en service en octobre 1941 fût le HMS Indomitable :
Ce dernier est un peu différent des trois premiers car il a pu bénéficier des leçons apprises avec notamment l’ajout d’un second hangar destiné à augmenter la capacité en avion. Le nombre d’avion embarqué sur ces navires était plus faible que sur celui des bâtiments américains contemporains, car la doctrine britannique imposait de pouvoir stocker tous les avions dans le hangar, alors que la doctrine américaine prévoyait la possibilité de laisser 30 à 50% du parc aérien parqué sur le pont (les britanniques s’aligneront sur les américains au cours de la guerre pour augmenter la capacité du groupe aérien de leurs navires).
Bien avant d’ouvrir ce post, j’ai réfléchi à la mise en scène finale.
Première option.
Je monte le Fulmar et je le pose sur une surface grise représentant le pont du HMS Formidable.
Attention, les porte-avions de cette classe avaient un pont d’envol blindé, contrairement aux unités de l’US Navy ou de la Marine Impériale japonaise : pas de bois pour représenter le pont. La nécessité de blinder le pont d’envol est apparu dans les années 30 au sein de la Royal Navy, car ces navires devaient opérer dans les eaux européennes ou à proximité, donc à portée de l’aviation ennemie basée à terre. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui permit au HMS Formidable de reprendre les opérations quelques heures après avoir été touché par un kamikaze en 1945.
Il faut noter que ce pont d’envol blindé faisait partie de la coque du navire, ce n’était pas une superstructure comme dans le cas des navires de la marine américaine. Cette option est simple à réaliser, la seule difficulté est de trouver la bonne teinte et la bonne patine pour la surface du pont. Mais, comme en fait je voulais faire quelque chose de plus complet, j’ai rapidement abandonné cette option.
Deuxième option.
J’ai donc cherché des idées au travers de la documentation et pour cela je suis allé fouiller sur le site de l’Imperial War Museum. Ce site est une véritable mine d’information. J’ai cherché des photographies de Fulmar et des porte-avions de la classe Illustrious. Je me suis alors dit que j’allais représenter mon Fulmar près de l’îlot, à côté de la barrière d’arrêt d’urgence placée en position baissée. Réaliser cette barrière est assez simple, j’ai trouvé beaucoup de photographies sur le site de l’Imperial War Museum. Réaliser une partie de l’îlot est plus compliqué.
Cette idée me plaisait, mais il me vint une autre inspiration en regardant toutes ces photographies.
Troisième option.
Pourquoi ne pas représenter le Fulmar à côté de l’artillerie principale du navire, et donc près des ascenseurs ? Les porte-avions de la classe Ilustrious possèdent deux ascenseurs, situés dans l’axe longitudinal du pont, l’un à l’avant et l’autre à l’arrière, et à chaque fois entre les tourelles de l’artillerie principale. Cette artillerie principale « QF 4.5-inch dual purpose guns » (QF = quick firing – canons de 110, 113 ou 114 mm (selon les sources)) est composée de huit tourelles doubles, disposées deux par deux (deux à l’avant babord, deux à l’avant tribord, deux à l’arrière babord et deux à l’arrière tribord), de part et d’autre des ascenseurs.
Le problème principal est donc de trouver dans le commerce les deux tourelles doubles ou de les scratcher. J’ai trouvé un site qui vend ces tourelles, en impression 3D, c’est très cher mais je me suis fait un petit plaisir. Il faut maintenant songer à placer le Fulmar sur le pont, et là si je ne veux pas me retrouver avec une scène trop importante en surface, il va falloir placer le zinc au moins en partie sur l’ascenseur. Mais est-il bien réaliste de laisser un avion tout seul sur un ascenseur ou en partie sur un ascenseur ? Je ne connais pas les procédures qui étaient en place dans la Royal Navy, mais pas sûr qu’on se permettait de laisser un zinc isolé à cette place. J’aurais réalisé une pontée complète, je n’aurais pas eu ce problème car il est évident que les deux ascenseurs étaient en position haute lorsque les Fulmar et Albacore se préparaient au décollage. Me voilà donc reparti à réfléchir et …
Option choisie.
« Ben, t’as qu’à replier les ailes du Fulmar et le présenter sur l’ascenseur, quand celui-ci est un peu en deçà du niveau du pont ! »
Ben ouais, tiens, pourquoi pas ? Bonne idée ! On ne voit pas souvent des avions aux ailes repliés, et baisser quelque peu la position de l’ascenseur permet de casser l’uniformité du pont et d’apporter un peu de volume. J’ai trouvé un set de photo-découpe Airwaves fournissant les éléments pour replier les ailes du Fulmar. Ce set n’est pas destiné au kit Special Hobby, mais on verra bien comment il s’adapte. Maintenant, il faut trouver comment on replie les ailes du Fulmar, et là je me suis rendu compte que ce devait être une sacré opération !!!
Pourquoi replier les ailes des avions embarqués ? Pour gagner en place, tout simplement : on peut mettre plus d’avion dans le hangar ou sur le pont. L’autre avantage réside aussi dans la vitesse de transfert des avions entre le pont et le hangar : là où les américains pouvaient mettre deux Wildcat sur un ascenseur, ils ne pouvaient mettre qu’un Dauntless (car ce dernier avait des ailes non repliables) tout comme les japonais qui ne pouvaient mettre qu’un A6M (seuls les saumons se repliaient sur ce zinc).
Mais au fait, comment se replient les ailes d’un avion ? Il faut prendre en compte de nombreux paramètres, comme la masse supplémentaire engendrée par ce dispositif, la dimension des ascenseurs des porte-avions, mais aussi la hauteur de leur hangar. Les britanniques ont du faire raccourcir d’une vingtaine de centimètres les ailes du Corsair afin qu’il puisse opérer sur les navires de Sa Très Gracieuse Majesté, plus petits que ceux de l'Oncle Sam.
Sur certains avions, les ailes ne se replient pas, soit parce que l’avion n’était pas prévu pour, surtout à une époque où de nombreux avions embarqués ne bénéficiaient pas de ce système, comme sur le Dauntless, soit parce qu’il était suffisamment petit pour se passer d’un système de repliage des ailes comme dans le cas du Skyhawk.
Sur un appareil à géométrie variable, comme le magnifique Tomcat, c’est facile, il faut profiter de cette géométrie variable et « pousser » les ailes au maximum.
Sur d’autres avions, une partie plus ou moins importante de l’aile se replie plus ou moins à la verticale, vers le haut comme sur le Phantom, le Super Etendard, le Vigilante, le Crusader, le Scimitar ou le Cutlass, vers le bas sur le Tiger.
Sur d’autres, c’est une partie plus importante des ailes qui se replient plus ou moins au-dessus du fuselage : c’est le cas des Panther, Alizé, Sea Vixen et Corsair.
Parfois, les ailes vont jusqu’à se croiser au-dessus du fuselage, comme sur le Viking (sur ce zinc, la dérive aussi se replie) ou le Tracker.
Sur le Gannet, c’est un pliage en accordéon. Il en va de même sur le Seafire.
Sur les Avenger, Wildcat et Hellcat de la Seconde Guerre Mondiale, tout comme sur le Hawkeye, l’aile pivote pour se replier verticalement le long du fuselage.
Sur les biplans comme les Swordfish, Albacore ou Walrus, les deux plans se replient le long du fuselage (sur la photo, le Walrus sort du hangar d’un cuirassé de la classe King Georges V).
Sur un Barracuda, heu, c’est le bazar !!!
Et sur un Fulmar ? En fait, c’est presque comme sur un Barracuda, il faut :
- basculer sur l’extrados un caisson complet de voilure comportant notamment les volets
- abaisser les deux ailerons
- replier les ailes le long du fuselage, à plat
- fixer chaque saumon à l’empennage arrière
Et comme disaient les Barbapapa, « Hula hup, barbatruc » on arrive à ceci :
Du coup, je vais réaliser une portion du pont du HMS Formidable, en gros celle entourée sur la photo ci-dessous et poser mon Fulmar aux ailes repliées sur l’ascenseur qui sera positionné légèrement en-dessous du pont.
En me basant sur cette photo et connaissant les dimensions des ascenseurs des navires de la classe Illustrious (22 pieds de largeur par 45 pieds de longueur), j’ai pu estimer quelques longueurs, notamment celle séparant l’ascenseur de l’emplacement des tourelles. Cela me donne déjà une idée de la taille de la scène finale. J’aurais pu faire beaucoup plus petit en posant le Fulmar aux ailes repliées juste à côté des tourelles, mais l’idée de l’ascenseur me plaît bien.
Voilà, vous savez tout de mon nouveau projet. Les deux points les plus chauds seront la chirurgie nécessaire pour replier les ailes du Fulmar et le scratch d'une petite portion du pont du HMS Formidable.
J’espère que cette introduction vous a plu et que je n’ai pas trop dit de bêtises. Si vous avez des informations ou des commentaires à apporter aux porte-avions, au système de repliage des ailes ou à l’aéronavale en générale, n’hésitez pas.
A+
Dernière édition par Jasper Joker II le Ven 17 Déc 2021 - 14:35, édité 1 fois