Bonsoir,
Je vous propose ce soir un petit historique du HMS Albion, le porte-avions sur lequel était embarqué mon Sea Hawk.
Le HMS Albion fait parti d’une classe de porte-avions dont les travaux démarrèrent pendant la Seconde Guerre Mondiale mais qui ne furent mis en service que dans les années 50, la fin du conflit ayant largement réduit le besoin en navires de ce type. Les autres bâtiments de cette classe furent les HMS Centaur (qui donne son nom à la classe), HMS Bulwark et HMS Hermes. Le HMS Albion fut le deuxième navire à être terminé : la quille fut posée en mars 1944, il fut lancé en mai 1947 pour n’être mis en service qu’en mai 1954. En octobre 1949, alors qu’il était en remorquage, il entra en collision avec un autre navire qui malheureusement coula. Quant au HMS Albion, une voie d’eau se forma à la poupe, inondant la salle des machines. Il fut réparé et les travaux de construction du navire ne se terminèrent qu’en 1954. Il fut équipé dès le départ d’un pont oblique orienté à 5,5° afin de faciliter les opérations avec des jets. Il possédait aussi deux catapultes hydrauliques, placées sur l’avant du navire, mais il ne fut jamais doté de catapultes à vapeur qui lui auraient permis d’employer des avions plus lourds.
Albion est un nom ancien donné à la Grande-Bretagne, avec une connotation poétique et mythologique : Albion est un géant, fils du dieu de la mer Neptune. De ce côté-ci de la Manche, on connaît plutôt l’expression ‘la perfide Albion’, qui remonterait à ces vers écrits en 1793 par le poète et auteur dramatique français Augustin Louis de Ximénès :
‘Des Grecs et des Romains imitons le courage !
Attaquons dans ces eaux la perfide Albion !
Que nos fastes s’ouvrant par sa destruction
Marquent les jours de la victoire !
Que le monde vers nous, lentement attiré,
Sente de quels fardeaux nous l’aurons délivré,
Et nous pardonne notre gloire’.
L’expression désigne les trahisons et volte-faces de nos voisins d’outre-Manche, et est souvent simplement utilisée pour ‘taper’ sur les anglais. On l’entend encore aujourd’hui après certains match de rugby entre le XV de France et le XV de la Rose.
Ce porte-avions n’est pas le premier navire de la marine de Sa Très Gracieuse Majesté à porter ce nom :
- le premier fut un navire de 74 canons lancés en 1763,
- le second était un navire marchand construit en 1797 et acheté par la Navy en 1798 qui le transforma en sloop ; il fut vendu par la marine en 1803,
- le troisième fut de nouveau un navire de 74 canons, lancé en 1802 et qui combattit dans la Manche, aux Indes, lors de la guerre d’indépendance américaine et en Méditerranée ; il fut démoli en 1836,
- le quatrième était un navire équipé de 90 canons, lancé en 1842 qui prit part à la guerre de Crimée ; en 1861, il reçut une chaudière à vapeur ; il fut vendu pour démolition en 1884,
- le cinquième bâtiment était un cuirassé lancé en 1898, possédant 4 tubes de 12 pouces et qui combattit notamment pendant la Grande Guerre lors de la campagne des Dardanelles ; il fut vendu pour la ferraille en 1919.
- le sixième est notre porte-avions,
- le septième est un navire de transport de chalands de débarquement, admis au service actif en 2005 et toujours en service.
Il faut aussi compter deux petits bâtiments loués par la Royal Navy, le premier pendant la Révolution française, le second pendant les guerres napoléoniennes.
Voilà quelques illustrations ou photographies de quelques HMS Albion :
- tout d’abord le vaisseau de 74 canons, deuxième du nom, lors de la bataille de Navarin en 1827,
- ensuite le vaisseau de 90 canons entrant dans le détroit du Bosphore après avoir été endommagé lors du bombardement de Sébastopol le 17 octobre 1854 lors de la guerre de Crimée,
- la photographie suivante présente le cuirassé de la Grande Guerre,
- et la dernière le transport de chalands de débarquement.
Le HMS Albion démarra sa carrière au sein de la flotte de la Méditerranée à la fin de l’année 1954. Il prit part aux opérations liées à la crise de Suez en novembre 1956, l’opération Musketeer, son groupe aéronavale participant aux attaques menées contre des aérodromes égyptiens et à la protection des troupes parachutées dans la zone du canal. A la fin des années cinquante, le navire se trouva essentiellement dans l’hémisphère sud, en Extrême-Orient, Australie, Nouvelle-Zélande, océans Indien et Atlantique Sud. Au cours de ces années, son groupe aérien était composé de Hawker Sea Hawk, De Havilland Sea Venom, Douglas Skyraider et Westland Whirlwind.
Belle vue d’un Sea Venom sur le pont du HMS Albion lors de la crise de Suez.
Sur le pont du HMS Albion des armuriers font le plein en munitions des Sea Hawk du 802 Naval Air Squadron lors de ‘Musketeer’.
Ce Skyraider du 849 Naval Air Squadron a eu un appontage difficile sur le HMS Albion.
Voilà notre bâtiment passant devant le fameux rocher de Gilbratar.
Cette photographie a été prise à Aden en 1960.
Il passa l’année 1961 aux chantiers navals, où il fut transformé en navire de transports de commando, embarquant maintenant des hélicoptères. Le HMS Albion participa alors à plusieurs opérations de décolonisation, près de Bornéo, à Aden et à Singapour.
En septembre 1972, il participa à l’exercice ‘Strong Express’, des manœuvres dirigées par l’OTAN et se déroulant dans les eaux norvégiennes. On le voit ici survolé par un Tu-16 soviétique lors de cet exercice.
Le HMS Albion fut retiré du service en 1973. Il devait être vendu à une compagnie pétrolière pour l’exploration de nouveaux gisements en mer du Nord, mais le projet avorta et il fut finalement vendu pour démantèlement.
A bientôt