Ca vous dirait de partir dans le Pacifique Sud pour ce nouveau montage consacré aux 80 ans de la Seconde Guerre Mondiale ? Allez, on y va.
Ce montage sera dédié à Stanley Vejtasa et au Wildcat qu’il pilotait lors de la bataille des îles Santa-Cruz, en octobre 1942.
Plaçons d’abord le cadre historique : la bataille des îles Santa-Cruz. En août 1942, les américains débarquent dans l’archipel des Salomons, sur l’île de Guadalcanal notamment. Ils avaient découvert que les japonais construisaient un aérodrome sur cette île, dans le but d’être à portée de l’archipel des Nouvelles-Hébrides et donc d’être en mesure de perturber les lignes de communications alliées et d’isoler l’Australie. Les japonais vont donc se retrouver embarqués dans une guerre d’usure qu’ils n’ont pas les moyens de mener et qu’ils vont perdre. Tout au long des longs mois de lutte pour le contrôle de l’île de Guadalcanal, de nombreux engagements navals vont se dérouler autour de l’archipel des Salomons, et celui qui nous intéresse aujourd’hui est la bataille des îles Santa-Cruz le 26 octobre 1942. C’est une bataille aéronavale voulue par les japonais car destinée à protéger l’envoi de renforts massifs sur l’île afin de la reprendre définitivement. La marine impériale va engager deux porte-avions d’escadre, les Shokaku et Zuikaku, et deux porte-avions légers, les Zuiho et Junyo, accompagnés par les quatre cuirassés de la classe Kongo (les Kongo, Hiei, Kirishima et Haruna) et par huit croiseurs lourds (les Tone, Chikuma, Suzuya, Kumano, Atago, Maya, Takao et Myoko). Quant à l’US Navy, elle dispose des porte-avions USS Enterprise et USS Hornet, du cuirassé USS South Dakota et des croiseurs lourds USS Portland, USS Northampton et USS Pensacola.
Voici quelques photographies de ces navires.
Tout d’abord les porte-avions Zuikaku et Zuihô, le cuirassé Haruna et le croiseur Takao.
Enfin, le porte-avions USS Hornet, le cuirassé USS South Dakota et le croiseur lourd USS Pensacola.
Au final, il s’agit d’une victoire tactique japonaise, l’US Navy va se retirer à la suite de la perte du porte-avions d’escadre USS Hornet. Mais il s’agit d’une victoire stratégique américaine, car les japonais vont perdre de nombreux aviateurs chevronnés, ainsi que le porte-avions Shokaku qui sera indisponible pendant de nombreux mois car fortement endommagé par l’aviation américaine. Alors oui l’autre porte-avions de l’US Navy à avoir participé à cette bataille, l’USS Enterprise, est lui aussi endommagé, oui il ne reste à l’US Navy en plus de l’USS Enterprise qu’un autre porte-avions disponible l’USS Saratoga (qui a lui aussi besoin de réparations après un torpillage), mais dans les chantiers navals des côtes est et ouest la classe Essex est prête à entrer en service (l’USS Essex en décembre 1942, l’USS Lexington en février 1943, l’USS Yorktown en avril 1943, l’USS Bunker Hill en mai 1943, l’USS Intrepid en août 1943, les USS Hornet et Wasp en novembre 1943, etc…), alors que la marine impériale n’engagera pas de nouveaux porte-avions avant 1944, et avec une aviation embarquée bien réduite. De plus, Guadalcanal reste et restera américaine et sera le point de départ de la reconquête de l’archipel des Salomons jusqu’à l’isolement de la grande base navale japonaise de Rabaul.
Ci-dessous une photographie des dommages subis par le Shokaku à l’arrière du pont d’envol.
Voici l’USS Hornet sous les attaques de l’aéronavale japonaise, puis alors qu’il va être pris en remorque par l’USS Northampton, avec le destroyer USS Russell à ses côtés. Les américains ont essayé de remorquer leur porte-avions après la première attaque aérienne, mais la seconde scellera son destin.
Parlons maintenant de Stanley Vejtasa. Né dans le Montana en 1914, il rejoint l’US Navy en 1937. Sa première affectation fût au sein de la VS-5, une unité équipée de SBD Dauntless et embarquée à bord de l’USS Yorktown. Après avoir participé aux attaques contre les îles Marshall et Gilbert début 1942, il obtient trois Navy Cross lors des combats suivants de 1942 :
- tout d’abord pour avoir placé une bombe sur un transport ou un ravitailleur d’hydravion au large de la Nouvelle-Guinée en mars 1942,
- ensuite pour avoir participé à la destruction du porte-avions léger Shoho et pour voir abattu trois A6M lors de patrouilles de couverture de la flotte à bord de son SBD lors de la bataille de la Mer de Corail début mai 1942,
- enfin pour avoir abattu en une seule mission sept avions japonais lors de la bataille des îles Santa-Cruz ; il était alors basé sur l’USS Enterprise et avait rejoint une escadrille de chasse équipée en Wildcat, la VF-10.
Il quitta la VF-10 en mars 1943 pour devenir instructeur à la NAS Atlantic City. Son score final est de 10,25 victoires : trois Zéro lors de la bataille de la Mer de Corail, cinq Kate et deux Val lors de la bataille des îles Santa Cruz, et un Mavis en collaboration peu après. Après la Seconde Guerre Mondiale, il resta dans la Navy et participa à la guerre de Corée à bord du porte-avions USS Essex. A la fin des années cinquante, il commanda pendant une année l’USS Firedrake, un transport de munitions, puis devint le pacha de l’USS Constellation entre novembre 1962 et novembre 1963. Il termina sa carrière à la NAS Miramar où il participa à la mise en place d’un programme d’entraînement au combat aérien qui allait être mondialement connu…
‘La tour ici Ghostrider pour un passage bas rapide’
‘Négatif Ghostrider il y a du monde dans la boucle’
‘Heu Maverick ça c’est pas une bonne idée’
‘Tu m’excuseras Gosse, mais je veux lui friser les moustaches… à la tour’
Heu désolé je m’égare
Il prit sa retraite en 1970 et décéda en 2013.
Le voici à trois moments de sa carrière :
- tout d’abord juste après son affectation à la VF-10 ; pour la photographie, il est accueilli par le commandant de l’unité, James Flatley (le moins que l’on puisse dire, c’est que notre ami Stanley ne respire pas le bonheur) ; à droite se trouve un autre nouveau venu, John Leppla, qui lui aussi a combattu lors de la bataille de la mer de Corail et y a remporté quatre victoires aux commandes de son Dauntless,
- ensuite à bord de l’USS Enterprise, le 24 octobre 1942, soit deux jours avant la bataille, assis devant l’îlot aux côtés du Lieutenant Albert Pollock ; un moment de détente avant la tempête...
- enfin en tant que pacha de l’USS Constellation.
Voici quelques photographies des navires à bord desquels Vejtasa servit tout au long de sa carrière.
Tout d’abord l’USS Yorktown.
L’USS Enterprise lors de la bataille des îles Santa-Cruz.
L’USS Essex lors de la guerre de Corée.
L’USS Firedrake en 1965.
L’USS Constellation au début des années 60.
Terminons cette présentation en évoquant le porte-avions sur lequel Vejtasa servait lors de la bataille des îles Santa-Cruz, l’USS Enterprise (CV-6). Ce navire, lancé en octobre 1936, commissionné en mai 1938 et surnommé le ‘Big E’ était un bâtiment de la classe Yorktown et fut l’un des trois porte-avions américains entrés en service avant la Seconde Guerre Mondiale à survivre au conflit, les deux autres étant les USS Saratoga et USS Ranger. Ayant échappé de peu à l’attaque japonaise sur Pearl Harbor (il rentrait de l’île de Wake et n’était qu’à quelques centaines de kilomètres de Hawaï le 7 décembre 1941 au matin), il participa à de nombreuses missions offensives contre des positions japonaises et ce dès 1942 (raids sur Kwajalein, Wotje et Maloelap dans les Marshall en février 1942, attaques sur Wake et les îles Marcus en mars 1942, etc…). Il soutint de nombreuses opérations de débarquement (dont Iwo Jima et Okinawa) et pris part à presque toutes les grandes batailles aéronavales de la guerre du Pacifique (batailles de Midway, des Salomons Orientales, des îles Santa Cruz, campagne de Guadalcanal et des Salomons, bataille de la mer des Philippines et du golfe de Leyte). Il fut aussi le porte-avions qui en avril 1942 escorta l’USS Hornet à travers le Pacifique Nord lors du raid des B-25 de Doolittle. Maintes fois touché par des attaques aériennes conventionnelles ou kamikazes, plusieurs fois annoncé coulé par les japonais (ce qui lui valu le surnom de ‘The Grey Ghost’ (le fantôme gris)), il fut à chaque fois réparé et termina le conflit en rapatriant le personnel américain du Pacifique ou d’Europe. Il fut ferraillé à la fin des années cinquante, malgré une tentative de conservation du navire qui ne put se concrétiser faute de moyens financiers suffisants.
Comme à mon habitude, j’ai longtemps réfléchi à la scène finale. L’idée de représenter mon Wildcat sur le pont de l’USS Enterprise, près de l’artillerie anti-aérienne, un peu comme je l’ai fait avec mon Fulmar sur le HMS Formidable, me trottait dans la tête. Lors de l’observation des photographies d’époque, il ne faut pas se tromper de période, car cette artillerie fut continuellement renforcée lors de la Seconde Guerre Mondiale. Je compte installer mon Wildcat en bord de pont, prêt de pièces Oerlikon de 20 mm (sur la photographie ci-dessous, prise en 1942, les artilleurs de l’USS Enterprise sont à l’entraînement).
Le kit que j’ai choisi pour ce montage est celui d’Airfix, nouveau moule.
A bientôt pour le début de ce montage