Puis, pour soutenir cette passion naissante pour l'aviation, vint, à dessein, la série de Daniel Costelle, "l'Histoire de l'aviation". Parmi toutes ces séquences, il m'en reste une. L'interview de Thomas Lanphier qui pilotait durant la guerre du Pacifique un P-38. Il fut de la mission qui intercepta les Mitsubishi Betty qui transportaient l'Amiral Yamamoto en tournée d'inspection.
Il est né le 27 novembre 1915 à Panama. Après la guerre, il devint journaliste et il mourut à 72 ans le 26 novembre 1987.
Je ne résiste pas à vous citer cet interview...
"J'étais à Guadalcanal en avril 1943 lorsqu'est arrivé le télégramme de notre secrétaire à la Marine, Franck Knox, qui nous apprenait que Yamamoto et son état-major viendrait de Rabaul en visite d'inspection dans les îles Salomon, à bord de deux bombardiers Betty escorté par six Zéro. On nous demandait d'abattre ces avions en nous basant sur leur horaire prévu qui était détaillé dans le télégramme.
Lorsque le Major Mitchell nous a parlé de cette opération au cours d'un briefing, ma réaction n'a pas été très héroïque...D'abord, j'ai pensé que l'endroit du contact prévu était très loin du front ; ensuite, je me suis demandé, car cela me semblait étrange, comment nous pouvions avoir des renseignements aussi détaillés sur ce voyage. A ce moment, nous ne savions pas que le code radio japonais était connu de nos services et nous nous demandions par quelle astuce les veilleurs côtiers clandestins qui nous envoyaient des informations par radio depuis les îles occupées par les japonais avaient pu avoir connaissance de ce programme de visite d'inspection.
Mais il fallait y aller parce que nous étions les seuls chasseurs à pouvoir couvrir la distance. Il fallait faire environ 700 kilomètres jusqu'au contact avec l'ennemi et revenir après avoir eu un combat qui coûterait cher en carburant. C'est pourquoi la Marine qui avait tout déclenché ne pouvait pas faire elle-même la mission ; elle ne possédait pas de chasseurs ayant ce rayon d'action. Nos P-38 pouvaient le faire avec des réservoirs supplémentaires et même garder une bonne marge de sécurité, théoriquement.
Nous volions au-dessus de l'eau depuis plus de deux heures, quand, tout à coup, l'un de nous a hurlé : "Une formation d'avions, droit devant". Pas de question : c'était bien deux Betty et six Zéro. Pas un de nous - et surtout moi - n'aurait jamais pensé qu'on les trouverait. C'était incroyable. Chacun était au rendez-vous. [Lanphier plonge sur les Betty. Il les rattrape, et à ce moment se produit l'étrange, l'imprévisible] J'ai essayé mes armes, canons et mitrailleuses, pour être sûr qu'ils fonctionnaient bien et, en faisant ça, je les touché, par accident. En fait, je voulais me placer derrière lui, et quand j'ai essayé les canons, son moteur droit a commencé à brûler et il est allé s'écraser dans la jungle.
Depuis, j'ai beaucoup pensé à ce combat, à cette exécution. Vous savez, tout ça, c'est très compliqué dans ma tête. La première chose, c'est que je n'hésiterai pas une minute à recommencer parce qu'il était l'homme qui menait l'attaque contre mon pays. Il fallait l'abattre, ça a été très utile. Mais, depuis le temps, j'ai connu des gens au Japon, des membres de sa famille, et c'est une expérience intéressante : à la guerre, vous tuez d'une manière impersonnelle, spécialement les aviateurs ; vous ne savez rien de ceux sur qui vous tirez. Mais là, j'ai appris qui était cet homme. Il était extraordinaire ; il avait toujours dit que c'était une folie d'attaquer les Etats-Unis, mais, quand il en a reçu l'ordre, il l'a très bien fait. C'était vraiment un homme de première grandeur, je me suis beaucoup intéressé à lui. C'est une chose très étrange de savoir tout cela. Pourtant, je le répète, je n'hésiterai pas à recommencer. Mais est-ce que j'aurai la même chance que la dernière fois ? Ca, je n'en sais rien !"(in Histoire de l'aviation de Daniel Costelle, Larousse, 1978)
Il y a également un épisode des "Têtes Brûlées" qui traite de cet événement, "Alerte au faucon" (The hawk flies on sunday). Il est très romancé et très faux...Les Têtes Brûlées n'ont jamais été en concurrence pour ce raid. De plus, ce ne sont pas des P-51 mais des P-38 qui attaquèrent ce jour-là.
Donc le Cpt. Thomas Lanphier appartenait au 347th Fighter Group, 339th Fighter Squadron. Il pilotait le P-38G 147 "Miss Virginia", immatriculé 32204.
Lorsque j'ai vu le box art de RS Models, je n'ai pu résisté à l'acquérir tant les souvenirs me ramenait à ma propre histoire.
La maquette est finement gravée, juste de forme mais, comme pour le P-39, il sera nécessaire de beaucoup "frotter"...Les détails sont, certes, perfectibles mais peuvent se suffire à eux-mêmes. On attaque !!
Je dégrappe une partie des pièces facilement identifiables (ailes, poutres, fuselage) afin de gagner de la place en me débarrassant des grappes inutiles. Je colle les pièces qu'il n'est pas nécessaire de détailler plus ou qui n'attendent que ce détail pour justement être détaillées plus (puits de train, parois à l'intérieur des prises d'air).
Je les affine. Je détaille en ajoutant du fil de différents diamètres. Je confectionne un nouveau siège en étain de "goulot de bouteille". Les manettes et autres manivelles sont en plastique étiré, en fils de cuivre, le tout surmonté d'une goutte de colle à bois pour simuler la poignées.
Le manche que j'ai maladroitement cassé est réparé avec un morceau de grappe préalablement "traité" et le volant est collé dessus.
Les ceintures sont en alu adhésif avec des boucles en fil électrique. Enfin, le tuyau d'oxygène est réalisé toujours en fil de cuivre et mis en place.
Depuis ces photos, j'ai rempli quelques peu les puits de train sans trop en faire car, au final, il n'y aura pas grand chose à voir...Pudiquement, ce sera suggéré...
La suite, peinture de cet ensemble...
A bientôt.
Philippe