Le Mystère du concours de l’OTANSuite à la guerre de Corée, l’OTAN par l’intermédiaire de l’état-major des forces alliées en Europe, élabora un programme de chasseur tactique léger devant être capable d’effectuer des missions d’appui, de voler à Mach 0,95 à basse altitude et d’opérer à partir de pistes sommairement aménagées. L’appareil sera propulsé par le réacteur Bristol Orpheus 3 de 2 200 kg de poussée. Son armement doit se composer de deux canons de 30 mm ou de quatre mitrailleuses de 12,7 mm. Le poids à vide doit être de 2 270 kg et le poids en charge de 4 550 kg.
Parallèlement à la demande de l’état-major français pour un intercepteur léger (qui donna nécessaire au MD 550 Mirage I), un programme d’avion léger est ajouté en complément du cahier des charges initial en vue de concours au programme mené par l’OTAN. Au-delà de l’appui tactique, on attend de ce chasseur qu’il ait des qualités de maniabilité et de vitesse à basse altitude pour permettre à l’avion d’échapper à la chasse adverse.
Le choix du propulseur est laissé à la discrétion du constructeur. En effet, l’avion peut indifféremment être mono réacteur (Néné, Tay ou Atar) ou biréacteur (2 réacteurs de la classe de 1 000 kg de poussée unitaire).
Peu de constructeur européens participent au concours de l’OTAN, les anglais ne répondent pas du fait que le réacteur choisi sera anglais. Les réponses viennent de Fiat, de Breguet (Br 1001 et Br 1100) de la SNCASE (Baroudeur) et de Dassault (Mystère XXII, XXIV et XXVI). Après avoir examiné les projets présentés par les différents pays, l’OTAN opte finalement à la fin de l’année 1954 pour le Br 1001 Taon et le Fiat G.91.
En 1954, peut-être pour influencer la décision, l’état français passe une commande auprès de Dassault pour la construction de deux prototypes Mystère XXII. L’avion est de conception classique. Il s’agit d’un biréacteur, à aile basse et à empennage monobloc en flèche. Il est d’encombrement modeste. L’ail est dotée d’un profil symétrique et est proche de celle du SMB.2. La motorisation est composée deux Turboméca Gabizo de 1 100 kg de poussée unitaire à sec et alimentés par deux entrés d’air latérales. L’armement comprend deux canons DEFA de 30 mm et un lance-roquettes. L’avion à vide pèse 4 210 kg. On est loin de la fiche programme.
Mystère XXIILe 1èr vol est effectué le 23 juillet 1956 à partir de la piste de Melun Villaroche au main de Paul BOUDIER. Toutefois, il ne s’appelle plus Mystère XXII. Il arbore désormais un fanion tricolore sur son nez et se nomme Etendard II. Les performances calculées ne sont pas atteintes malgré la succession de vols et de modifications. Après moins d’un an et demi et une quarantaine de vols, l’avion est réformé.
De l’Etendard II à l’Etendard VIComme pour le Mystère XXII, le Mystère XXIV est commandé en 1954. A la différence du XXII, le XXIV est un monoréacteur qui doit recevoir le SNECMA Atar 101E 3 délivrant 3 500 kg de poussée à sec. La capacité des réservoirs interne est augmenté et il dispose d’une cabine pressurisée. Le 24 juillet 1956, le Mystère XXIV rebaptisé Etendard IV s’envole de la piste de Bordeaux avec BRIAN au commande. Les performances sont conformes à celles attendues. L’avion est maniable et a une excellente vitesse ascensionnelle.
Etendard IVEn novembre 1955, l’Etat français commande trois prototypes du Mystère XXVI pour répondre au fameux marché de l’OTAN. La conception de la cellule est similaire à celle du Mystère XXII, mais au final, le XXVI ressemble plus au XXIV bien que plus petit. Il doit être doté du réacteur Orpheus Mk.3 délivrant 2 200 kg de poussée. L’armement prévu est conforme au cahier des charge. Le 01 doit recevoir quatre mitrailleuses de 12,7 mm, le 02 deux canons de 20 mm et le 03, deux canons de 30 mm.
Etendard VI prototype 02En 1957, le prototype 01 est rebaptisé Etendard VI. Il décolle pour la 1ère fois aux mains de Gérard Muselli le 15 mars 1957. Après 40 min de vol sans problème, l’avion est déclaré très maniable. L’Orpheus Mk.3 est installé en cours d’année (le 1er vol a eu lieu avec un Mk.1). Le prototype 03 est annulé et le 02 reçoit les canons de 30 mm. Le 1er vol du 03 a lieu le 14 septembre 1957 soit deux jours avant l’ouverture des essais du programme OTAN qui se déroule du 16 septembre au 5 octobre 1957 sur la base de Bretigny. Il y a 3 concurrents officiels ; le Fiat G.91, l’Etendard VI et le Breguet Br 1001 ainsi que deux outsiders, les Etendard II et Etendard IV.
Fiat G91Breguet Br 1001 TaonL’Etendard IV montre sa supériorité dans tous les domaines du fait de sa meilleure motorisation. Par contre, il dispose d’un handicap de taille, rédhibitoire ; son moteur ATAR. En janvier 1958, la commission de l’OTAN choisit le Fiat G.91. Avec cette défaite cuisante, l’Armée de l’Air se désintéresse totalement du programme. Toutefois, les performances du l’Etendard IV ont attiré l’attention de la Marine nationale.